La transformation digitale du secteur de la santé bat son plein, et tout indique que le phénomène va encore s’accélérer. Les bénéfices des progrès de l’électronique et de l’informatique dans les équipements de soins « directs » sont évidents : nanorobots, prothèses intelligentes, intelligence artificielle appliquée au diagnostic, chirurgie robotique, etc. Petit tour d’horizon de ce que l’IoMT (Internet of Medical Things) a changé dans nos vies.

Le dossier patient informatisé

Associé à la capacité de gérer l’accès à nos données personnelles, il permet à tout intervenant d’accéder aux informations critiques en cas d’urgence, même si le patient n’est pas en état de les donner.

L’étendue des données concernées est très vaste : accès à l’historique des interventions, pathologies et traitements, informations médicales clés (groupe sanguin, allergies et contre-indications, autres), historique des constantes vitales (pouls, tension, mensuration, diabète, cholestérol, autres), copie des ordonnances, résultats d’examens sanguins, radiographiques et autres.

Accédé depuis l’étranger, le dossier en ligne peut être automatiquement traduit. Cela peut s’avérer vital en cas de besoin urgent d’un médicament spécifique.

Il faut aussi prendre en compte les bénéfices de simplification des processus automatisés de remboursements (sécurité sociale, mutuelles), qui limitent l’administratif mais aussi réduisent un potentiel frein financier à l’accès aux soins.

La prise de rendez-vous

La prise de rendez-vous en ligne s’est généralisée et offre aussi de nombreux bénéfices loin d’être limités au simple temps d’attente au téléphone. La facilité avec laquelle on peut par exemple annuler un rendez-vous a permis de réutiliser de manière nettement plus efficace les créneaux de consultation.

Autosurveillance sanitaire

Depuis longtemps, nous disposons à titre personnel d’équipements pour assurer notre propre monitoring (tensiomètre, glucose, thermomètre) ou pour palier à certaines déficiences (prothèses, respirateurs). La connexion en ligne de ces objets en a multiplié les fonctions.

En communiquant en permanence leur activité ou les résultats qu’ils donnent, ces objets permettent d’informer le médecin traitant, mais aussi de compléter automatiquement le dossier patient informatisé. Surtout, la connexion permet de détecter potentiellement des soucis de santé du patient monitoré, même lorsque le médecin est indisponible.

A l’inverse, en recevant des informations du réseau de santé, l’objet connecté peut alerter le patient d’un changement de traitement à suivre ou encore directement modifier son propre comportement (respirateur, prothèse, etc.).

La mode des « wearables »

Cet effet est démultiplié car l’objet connecté de santé dépasse largement le cadre du patient ayant une pathologie déclarée. Depuis l’Applewatch jusqu’aux maillots truffés de capteurs des sportifs professionnels, la mode est au « wearable ».

Ces « gadgets », qui n’en sont pas, offrent même un caractère ludique propre à inciter les utilisateurs à prendre soin d’eux, ce qui n’est pas sans impact sur le bilan sanitaire global. Nul doute qu’ils vont se développer pour intégrer, outre la température corporelle, le rythme cardiaque ou le niveau d’oxygène dans le sang, un monitoring toujours plus large (ultrasons, électrocardiogrammes et autres).

Autonomie

L’un des domaines privilégiés de cette capacité de télésurveillance de santé est l’aide aux personnes en manque d’autonomie. L’objet connecté de type téléphone d’urgence plus ou moins simplifié existe depuis longtemps. Désormais, en équipant un domicile ou une personne de capteurs connectés, on sait détecter des chutes, pertes de tension ou malaises. L’intelligence artificielle et le suivi des signaux faibles permettent aussi de détecter un ensemble de symptômes comportementaux complexes (pertes de mémoire, tremblements, actes répétitifs, mouvements inutiles ou incontrôlés, etc.). L’objet connecté n’a pas besoin d’intervention humaine pour déclencher l’alerte opportune, auprès de la bonne personne, et en l’accompagnant des informations les plus pertinentes.

L’un des usages les plus développés est celui du pilulier intelligent, ou plus généralement des objets connectés chargés de veiller à la bonne prise du traitement par le patient.

À l’hôpital et dans la rue

Le bénéfice de ces objets connectés de santé s’étend bien entendu aux établissements hospitaliers, et dépasse le cadre du monitoring vital. Par exemple, on développe des lits intelligents qui évaluent la pénibilité d’une posture du patient à partir de ses mouvements. Il va en informer le médecin, et réajuster son inclinaison en fonction, ce qui évite l’attente et le déplacement de l’infirmière.

De même, les objets de santé et sécurité en « libre-service » voient leur efficacité redoublée. Auparavant, une bouée équipée d’une balise Argos se contentait de donner sa position. Connectée et motorisée, elle peut désormais se diriger elle-même en optimisant le temps d’intervention des secours. On peut retenir d’autres exemples, comme les défibrillateurs en libre-service qui peuvent donner l’alarme.

Télémédecine

La pandémie en cours et les confinements associés ont accéléré l’acceptation de la télémédecine, et avec elle celle des objets connectés de santé.

Le premier bénéfice est tout simplement l’optimisation des déplacements en rendez-vous médicaux et des hospitalisations. La capacité pour le patient de s’auto-tester, avec ou sans le concours à distance du médecin, permet de supprimer les rendez-vous ou séjours hospitaliers inutiles. A contrario, elle peut aussi déclencher une prise de rendez-vous directement avec le spécialiste adéquat lorsqu’une urgence est détectée.

Drones

Par ailleurs, la distanciation sociale imposée a mis en avant les bénéfices que des drones et robots connectés pouvaient avoir dans le processus de soin. Par exemple, pour apporter nourriture et médicaments à une personne contagieuse, ou lui administrer une piqûre. Plus généralement, l’objet connecté de santé peut intervenir en milieu hostile ou difficilement accessible (refuge de montagne, etc.).

Objet connecté par excellence, la voiture ambulance autonome offre a priori une conduite plus souple, moins risquée, voire plus rapide, sur un parcours plus optimal en prenant compte du trafic ou de l’état de la route. Dans une optique smart city, elle pourrait même modifier les feux tricolores pour se donner la priorité en cas d’urgence.

Les données collectées

Les données transmises par les objets connectés de santé ne bénéficient pas qu’au patient concerné. En cumulant des statistiques au niveau d’une patientèle large, on réalise de fait des tests sanitaires qui sont propres à faire avancer la recherche.

Le « Big Data » médical, ainsi collecté, a de multiples usages. On peut par exemple directement suivre l’évolution géographique globale d’un effet sanitaire (allergies saisonnières, épidémies), en la corrélant avec d’autres données transmises par l’objet connecté (température et humidité extérieures, etc.).

Gagner du temps et de la précision

Quels que soient les nombreux domaines investis par les objets connectés de santé, ils ont tous un point commun qui par essence permet de prédire que leur nombre va exploser. En remplaçant une action humaine, ils font gagner du temps et de la précision. Or la santé en général et surtout la survie dans les cas critiques est avant tout une question de vitesse d’intervention, de qualité du diagnostic et de précision du traitement ou de l’acte.

Néanmoins, on sait que la confiance dans le praticien, la compassion humaine et la sympathie font partie intégrante du processus de guérison. On peut donc aussi sans doute estimer que quel que soit le rôle prépondérant que prendront nos robots médecins, ils ne pourront totalement remplacer les interactions humaines en matière de santé.