Revenir avec Henri sur ces 25 ans chez Astek, c’est un peu ouvrir la mémoire du Groupe. Mais c’est surtout constater la variété des opportunités et projets offerts par le métier de conseil en informatique et en ingénierie. Variété qui explique qu’Henri soit aujourd’hui passionné tout autant par les responsabilités qui lui sont confiées que par les occasions de former les ingénieurs moins expérimentés.

Au début était l’assembleur

Comme tout passionné, Henri a de nombreuses anecdotes et petites histoires issues de ses nombreuses rencontres depuis qu’il a été diplômé de Supélec en 1995. Cela débute lorsque, après une année d’armée de l’Air à l’ENSTA en tant que scientifique du contingent, il choisit de rejoindre une société de conseil. Il fait alors face à un choix qui s’avèrera structurant : conseil en gestion ou conseil technique.

« J’avais fait des stages en automatique et en traitement du signal, y compris dans le développement d’un moteur pour synchrotron, ce qui intéressait Astek. Je développais en assembleur et ça s’est avéré être une bonne école ».

« Financièrement, la proposition d’Astek n’était pas forcément la meilleure, mais j’ai été séduit par le côté familial. En 1996, Astek, c’était une centaine d’ingénieurs rue du Dôme à Boulogne-Billancourt et on faisait la fête tous les mois. On adressait uniquement le marché de l’ingénierie et des systèmes au niveau parisien ».

L’aéronautique comme passion, et l’informatique « sur le tas »

Le prix à payer pour rejoindre la pointe de la technologie dans son domaine de prédilection, c’est d’être prêt à réapprendre humblement à chaque projet :

  • Ainsi, le premier projet d’Henri chez Thomson CSF nécessite qu’il ingurgite le langage C en accéléré pour participer à la réalisation des systèmes ILS (Instrument Landing System) d’aide à l’atterrissage d’avions militaires.
  • Moins d’un an plus tard, il doit passer au C temps réel pour réaliser le décodeur pour Canalsatellite développé par Dassault AT (Automatismes et Télécommunications).
  • Puis, pour Dassault Électronique, il développe avec deux autres ingénieurs le Système d’Information de gestion des incidents relevant du Centre Opérationnel de la Direction de la Sécurité Civile (CODISC). Ce qui lui impose d’ajouter rapidement le C++ et Ilog Views à la liste des langages maitrisés.

« C’est cette nécessité de réapprendre à chaque fois qui m’a convaincu qu’un bon ingénieur c’est avant tout quelqu’un toujours capable d’apprendre et qui conserve une ‘bonne tête’ ».

Le petit « plus » du projet CODISC, « c’est que j’ai dû aller installer les nouvelles versions à partir des CD dans tous les centres en province et rencontrer les gens ». Et pour assurer la cohérence de l’ensemble, Henri a été amené « à réaliser un plan de gestion de la configuration logicielle et d’archivage du code source ».

Cela l’a conduit, lors du projet suivant pour Thales, « à être nommé ‘responsable de la gestion de conf’. C’était ma première vraie responsabilité. J’ai dû devenir rapidement expert de la norme CMMI car je devais assurer que l’on s’améliorait en gestion de configuration et surtout représenter Thales devant les auditeurs validant le respect de la norme ».

Toucher à tout et rebondir là où ses compétences sont reconnues

Thales propose un nouveau projet à Henri. « De nouveau cela n’avait pas grand-chose à voir. C’était de l’IHM sur Lotus Notes pour le système de sécurité sociale des mineurs dans l’Est ». Là aussi, le « plus » vient de la nécessité d’aller installer directement le système au sein des hôpitaux à Lens, Metz… « Il ne fallait pas juste vérifier que cela fonctionnait, mais assurer l’acceptation par les équipes locales ».

À l’issue de ce projet, Henri aurait certes pu rejoindre Thales à Mérignac comme Responsable de Lot Logiciel ‘1er grade’, mais Astek continue de lui offrir des opportunités qui l’inspirent, comme un projet de Dassault Aviation qui « me permet de revenir dans l’embarqué aéronautique en tant qu’adjoint au Chef de Projet ». Il s’agit d’apporter un support à Sagem DS, qui développe pour la DGA le système de préparation de mission utilisés pour tous les avions des armées de la marine et de l’air : le SLPRM (Système Local de Préparation et de Restitution de Mission). A l’intersection de tous ces acteurs, Henri « a pour rôle de répondre pour Dassault Aviation aux questions posées par Sagem DS concernant les spécificités des avions (Rafale, Mirage, SEM, etc) ».

« Cela m’a permis de faire le tour des experts métiers de tous les avions de Dassault, afin de partager et comprendre leur savoir-faire. Sans parler du côté sympathique des allers-retours entre Le Bourget et Istres en Falcon ».

En 2003, toujours soucieux de participer à des projets différents, Henri se lance dans le monde automobile. Le projet pour Johnson Controls Automotive Electronic (JCAE) de développement de l’outil de diagnostic des véhicules Citroën va le propulser dans la gestion de développement partiellement ‘off-shore’ en Inde : « c’était différent de la Défense, l’objectif premier était de tirer les coûts vers le bas ». Mais l’attrait des visites sur le site de PSA à Vélizy, pour voir en avant-première les futurs véhicules, compense un peu le fait qu’il se soit éloigné de l’environnement de la défense.

Directeur Technique Astek

« A l’époque, il y avait encore peu de projets forfaitisés avec engagement de résultats et Astek souhaitait pouvoir offrir cette possibilité à ses clients ». Henri est alors nommé Directeur Technique, et doit « tout mettre en place, créer les process, les modèles et les offres, et industrialiser les réponses aux Appels d’Offres ». Avec des débuts peu simples : « il a fallu attendre deux ans pour que j’ai un périmètre d’une vingtaine ingénieurs. Quand on part de zéro, c’est beaucoup plus difficile que lorsqu’on a un embarqué avec des clients fidélisés ».

L’histoire commence avec un projet de quelques dizaines de jours chez Sagem, mais s’accélère avec la fusion des activités d’InckA et d’Astek Industrie, deux filiales du Groupe. Henri intervient désormais comme Directeur de Projet sur des projets de plus en plus variés :

  • « Pour certains projets, j’étais en terrain connu, comme par exemple le développement de versions du SLPRM pour Sagem…
  • Pour d’autres c’était de nouveaux territoires, comme le portage d’une ancienne version DOS d’applicatif médical d’analyse des critères de coagulation sanguine, l’off-shore au Vietnam ou le développement d’afficheurs pour véhicules automobiles ou d’applications destinées aux traders de la Société Générale ».

Tout n’est pas idyllique, car il faut gérer le travail de nuit (« une nuit blanche toutes les 2-3 mois ») et certains clients plus difficiles que d’autres : « je n’ai pas trop aimé les traders, ils sont un peu trop sûrs d’eux, voir désagréables ». Mais l’activité de la Direction Technique lui donne très majoritairement accès à des projets séduisants : « Il m’arrive d’aider par exemple sur des projets de calcul scientifique ». Henri touche ainsi au nucléaire via des projets pour le CEA et l’ANDRA ou à l’énergie pour EDF et GDF.

La maitrise technique du domaine aéronautique

Indépendamment de toutes ses aventures diverses, Henri reste concentré sur l’Aéronautique-Spatial-Défense. Mais l’étendue de ses responsabilités l’obligent à s’écarter des détails techniques : « j’ai dans mes équipes plus de 60 ingénieurs à fin 2021 et cela devrait beaucoup croitre en 2022 chez Airbus, ArianeGroup et Dassault Aviation. Il n’est plus possible de les encadrer directement, et j’ai dû déléguer la gestion technique, mettre en place une structure pyramidale et me reconcentrer sur la Direction de l’activité : gérer le contractuel avec les clients, la valorisation de nos activités, l’avant-vente… »

« Je touche de très nombreux domaines différents. J’ai des interlocuteurs très variés : ingénieurs, managers et assistantes de gestion en interne, et bien entendu les clients ». C’est une activité pleine qui occupe Henri « depuis l’avant-vente et la réponse aux appels d’offres, la mise en place des projets, le choix des ressources internes, le recrutement de nouveaux experts si nécessaire, la formation des Chefs de Projets jusqu’au suivi du projet et ses Comités de Pilotage ».

Former les ingénieurs moins expérimentés

Quand une activité grandit, « déléguer c’est bien mais former c’est mieux ». Henri passe désormais des heures à former les Chefs de Projets intervenant chez ArianeGroup, Naval Group ou MBDA dans une variété de domaines : tableaux de bord, avancement, réunions d’avancement, facturation, risques… Cependant, « la confiance n’excluant pas le contrôle », Henri admet qu’il continue de « revoir ce que font les Chefs de Projets ».

L’étape suivante pour Henri ? Étendre l’ensemble de ses activités au niveau national peut-être. Les possibilités viennent de 25 ans de retours clients positifs. « Quand on n’a pas de casseroles, on peut tout attaquer ».

Quel regard portes-tu sur 25 ans chez Astek ?

Après avoir travaillé avec les meilleurs acteurs du secteur, « je suis de nature fidèle, et surtout je reste convaincu que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs ».

Henri ne cache pas qu’il « y a eu des périodes difficiles, comme vers 2010-2012 dans l’aéronautique-défense, où les clients se sont faits plus rares et de nombreux consultants ont préféré quitter le Groupe. Mais ce que j’apprécie au sein d’Astek c’est le niveau d’autonomie que l’on m’a donné. J’ai carte blanche et il n’y a pas toujours quelqu’un derrière moi. C’est très rare dans ce domaine. Bien entendu, au final, je rends des comptes, mais dans l’intervalle j’ai réellement la responsabilité de bout en bout. »

Henri apprécie aussi la liberté laissée dans le fonctionnement quotidien : « je n’ai pas besoin d’être au siège, je télétravaille la plupart du temps ou bien je suis chez les clients. J’apprécie aussi de pouvoir travailler sur un périmètre client très vaste : je continue d’apprendre ‘plein de choses’ et de rencontrer ‘plein de gens’ ».

Après un long échange avec Henri, on en ressort convaincu que, même après 25 ans, c’est toujours très enrichissant « d’être en interface permanente avec des personnes d’horizons très variés : utilisateurs, techniciens, gestionnaires, commerciaux… ». Henri rajoute humblement : « je ne suis pas forcément devenu un excellent technicien ou commercial, mais j’ai vraiment pu monter en compétences et atteindre un niveau dans tous ces domaines qui me permet de construire avec tout le monde. ».