Habitudes et technologies, tout change
Depuis les années 80, le terme qui décrit le mieux l’évolution des télécoms est « convergence ». Au cours des décennies, les projets techniques ont rapproché voix, texte, image et vidéo ; téléphonie et télévision ; fixe et mobile ; personnel et professionnel ; contenu et commentaire… La convergence millésime 2022 sera de même autant le fruit des changements dans nos habitudes que des évolutions technologiques.
La plupart des tendances identifiées pour 2022 en matière de télécommunications ne sont pas nouvelles, ayant souvent été retardées économiquement par la pandémie. Mais si la pénurie de semiconducteurs et autres composants est loin d’être totalement résorbée, quelques indicateurs laissent entrevoir une relance assez rapide :
- Nos habitudes personnelles ont évolué. Professionnellement du fait de la généralisation du télétravail et au niveau personnel comme le démontre notre consommation accrue des écrans, que ce soit chez les jeunes ou les adultes.
- Le déploiement physique des réseaux fibres, 5G ou satellites s’est poursuivi, étendant par là-même le nombre d’utilisateurs potentiels des services associés.
- La 4ème révolution industrielle est clairement en cours et, malgré les difficultés, les industriels ne peuvent se permettre de prendre trop de retard par rapport à leurs concurrents.
- Les gouvernements sont conscients que pour relancer l’économie, il faut s’assurer que les infrastructures de support sont à même de supporter la croissance envisagée. Et en période de retour attendu de l’inflation, ils semblent prêts à mettre la main au portefeuille pour supporter les investissements nécessaires.
Virtualisation, Cloud, VPN et cybersécurité pilotent les évolutions
Que ce soient les réseaux publics ou privés, leur virtualisation se déploie toujours, permettant une optimisation des ressources en termes de coûts ou de gestion des trafics prioritaires, une meilleure résilience et une offre de services étendue.
Réelles ou virtuelles les infrastructures vont évoluer pour accompagner l’évolution des flux et débits, en particulier liée au mouvement de délocalisation des systèmes d’information vers le Cloud. A ce titre il sera utile de suivre les choix structurants qui seront faits quant à la localisation physique réelle des ressources du nuage.
Par ailleurs, la problématique générale de la cybersécurité et de la résilience est désormais l’une des contraintes majeures gouvernant le déploiement des réseaux. La pandémie nous a montré notre dépendance économique et sociale à la disponibilité du réseau. Certaines architectures doivent évoluer pour prendre en compte un périmètre des risques perçu comme s’étant étendu : cybercriminels, défense militaire, espionnage économique, catastrophes naturelles, perte ou corruption de données, protection des équipements, etc.
Fibre, WI-FI 6 et satellites étendent le haut débit
Côté infrastructure fixe, les objectifs de déploiement de la fibre et en particulier de la FTTH («nbsp;Fiber to the Home », soit le prolongement de l’infrastructure fibre jusqu’à l’intérieur des logements) sont ambitieux en Europe pour 2022. Dans le même temps, le basculement vers l’utilisation unique de la fibre par les abonnés à des infrastructures préalables (cuivre, câble…) s’accélère.
En parallèle, l’arrivée de la technologie Wi-Fi 6 devrait permettre de tirer le meilleur parti de cet accès fixe haut débit local en permettant de réduire les interférences en zones denses telles que les bureaux, centre commerciaux, gros immeubles résidentiels…
Enfin, les constellations de satellites de type Starlink et autres sont désormais opérationnelles avec des milliers de satellites sur orbites basses ce qui apporte un complément potentiel de couverture non négligeable.
5G et objets connectés plus que jamais
Le réseau 5G demeure le modèle structurant en matière de mobilité : plus 1,3 milliard de connexions 5G à fin 2022, malgré la pandémie, la difficulté d’approvisionnement en composants et la brouille politique entre les USA et Huawei.
La généralisation des smartphones, l’Internet des objets et les capteurs intelligents créent de plus en plus de bouleversements importants non seulement dans nos vies personnelles mais aussi dans certaines industries : process simplifiés et accélérés, contrôle qualité amélioré, baisse de certains coûts, meilleur service client…
Cet effet est boosté par l’amélioration continue de ces smartphones, objets et capteurs qui bénéficient de progrès rapides et complémentaires dans de nombreux domaines : consommation électrique et batteries, intelligence artificielle et edge computing, blockchain… Ces équipements deviennent plus puissants et capables d’embarquer des applications sophistiquées requérant des temps de réponse extrêmement réduits.
Multi-access edge computing (MEC)
En liant ces progrès du fixe et du mobile, l’étape suivante attendue est donc le Multi-access edge computing, parfois appelé fog computing ou mobile edge computing.
Le MEC est un modèle d’architecture de télécommunications défini par l’ETSI (l’organisme de normalisation européen) permettant de déporter l’environnement SI et les possibilités de cloud computing directement à l’interface utilisateur du réseau cellulaire. Pour simplifier, l’idée est de replacer à nouveau chez nous la puissante de calcul et de stockage qui fait la valeur du Cloud.
Les allers et retours entre système centralisé ou déporté se répètent donc toujours régulièrement depuis l’émergence des premiers PC. Charge aux réseaux télécom de suivre la marée.
Les télécoms green attendront un peu plus
Un point cependant notable quand on écoute l’avis des experts sur les grandes tendances télécoms 2022 : les contraintes environnementales sont encore rarement citées. Il ne semble pourtant pas inopportun de s’interroger sur la consommation et le réchauffement liés à la surmultiplication des échanges, les puissances annoncées pour la 6G ou le maintien « hot » de montagnes de serveurs Cloud brassant sans interruption du Big Data.
Un sujet qu’il faudra sans doute remettre dans le viseur avant de chausser les lunettes et plonger dans le Metaverse que l’on nous promet.