A l’occasion de la semaine de la Qualité de Vie et Conditions de Travail (QVCT), nous avons échangé avec une de nos collaboratrices, Hilary Kpatcha, autour de la gestion du stress, de l’épuisement, mais aussi de l’équilibre « vie pro/vie perso ».

Hilary est alternante RH au sein de la Direction du Développement Interne et sportive de haut niveau en saut longueur. Premier contact : elle est solaire ! Au milieu des rires et des plaisanteries, beaucoup de sérieux et de maturité. Et pour cause ! Hilary cumule sa reprise d’études, son job chez Astek, ses entrainements intensifs pour les Championnats du Monde en août à Budapest, et une fonction dans l’armée des Champions, Bataillon de Joinville. Alors derrière ce condensé de positivisme et de dynamisme, Hilary doit gérer une organisation millimétrée au quotidien, une bonne dose de stress, et parfois des déceptions et des échecs. Très vite, Hilary a compris qu’être à l’écoute de son corps et de ses émotions était primordial pour atteindre ses objectifs.

Elle nous livre ses conseils pour mener de front toute ses activités sans y laisser sa santé au passage.

Être à l’écoute, ne pas ignorer les signaux

« Quand on est athlète de haut niveau, on n’a pas le choix, il faut prendre soin de son état physique, notre outil de travail, mais aussi psychique. Et avec le temps je me suis rendu compte que les deux étaient très liés. Quand ça ne va pas, le corps envoie des signaux, auxquels malheureusement les gens ne prêtent pas toujours attention.

Du coup ils tirent sur la corde et parfois le corps lâche soit au niveau physique – du mal de dos à l’épuisement professionnel – soit au niveau psychique – angoisse, dépression. Il est important d’être à l’écoute de ses alarmes avant-coureur. »

Se reconnecter avec ses émotions et son ressenti

« Si l’on veut être en accord avec soi-même, la première chose à faire est d’accueillir la ou les émotion(s) que l’on ressent. Le but n’est pas de ressasser, mais de ne pas les refouler et de trouver sa manière d’extérioriser, au risque sinon de somatiser. Mon conseil : verbaliser ! Les mots sont importants : échanger avec quelqu’un de confiance, écrire, ou tout autre moyen d’expression.

Chacun est différent bien sûr et chacun a sa façon de gérer, mais dans la société actuelle, les émotions sont encore trop souvent mal vues, et on nous demande tout le temps de relativiser.

Relativiser, c’est important, mais seulement dans un second temps. Encore faut-il savoir ce qu’on ressent, pourquoi et s’autoriser à le ressentir. »

Utiliser la technique de visualisation pour aller de l’avant

« Une fois que j’ai fait le point sur mon ressenti, que je l’ai extériorisé par l’écriture, le but est d’aller de l’avant. Je me dis : ok tu es en colère, tu es déçue, triste…, pose-toi et demande-toi dans quelle atmosphère et dans quelles conditions tu veux avancer.

Il y a 2 ans, je me suis blessée sévèrement au genou. Sur le moment j’ai ressenti beaucoup de colère et de frustration. J’ai éprouvé le besoin de couper avec tout pour pouvoir me recentrer, faire le point sur ce que je ressentais, sur mes objectifs. Il a fallu rebondir. Ce n’était pas facile et écrire m’a beaucoup aidée. Mais une fois tous ces sentiments extériorisés, j’ai fait le point : Ai-je envie de ruminer ? Ou bien ai-je envie d’en tirer parti, ne serait-ce que pour faire les choses de manière plus agréable ? J’ai eu besoin d’apprendre à m’écouter davantage. J’ai appris à ne plus prendre les choses pour acquis, à vivre pleinement le moment, en me demandant toujours en amont : comment ai-je envie de vivre ce moment ? Et en visualisant le moment ou l’action à l’avance. Ça c’est une vraie clé dans mon quotidien et marche très bien ! »

Se ressourcer : de quoi ai-je besoin ? Auprès de qui ou de quoi je trouve mon énergie ?

« Une autre clé pour mener à bien sa vie « pro et perso » de front, c’est de connaître ses propres sources d’énergie. Quels sont mes points de ressourcement ? Quand je termine ma journée de travail lessivée, de quoi ai-je besoin pour recharger mes batteries ? Certains se ressourcent aux contacts des autres en allant prendre un verre avec des amis par exemple ; d’autres se ressourcent au contact d’eux-mêmes et ne jurent que par un bon bain avec un livre au calme. C’est important de connaître ses besoins, et d’en être à l’écoute, d’autant plus qu’ils peuvent changer en fonction des moments.

Après ma blessure j’ai eu besoin d’apprendre à m’écouter davantage, faire les choix dont j’avais besoin moi, et non faire les choses pour les autres. Quand j’ai commencé l’alternance, il a fallu prendre le rythme pour arriver à tout concilier. Pendant un temps, j’avais beaucoup de mal à sortir. Je n’avais plus d’énergie et sortir avec mes amis m’en demandait trop. Mais j’ai réussi à m’écouter sans culpabiliser et aujourd’hui, maintenant que le rythme est en place, je suis contente de retrouver une vie sociale beaucoup plus riche. »

Planifier et compartimenter

« Avec mon emploi de temps, je n’ai pas le choix. Il faut planifier. Beaucoup ! Mais surtout je me suis rendu compte qu’il était indispensable pour moi de compartimenter. Pas seulement en termes d’agenda, mais surtout au niveau de l’énergie que je souhaite accorder à chaque chose. Je cumule beaucoup d’activités différentes, et j’ai envie de pouvoir être à 100% dans toutes. Ce n’est pas possible d’être à fond partout si on mélange les sujets et que les frontières sont trop floues. Donc quand je suis au bureau, mon énergie est concentrée sur le travail et la relation avec mes collègues. Quand je suis au sport ; exit le travail, etc. Sinon j’ai la tête ailleurs et je ne suis pas 100% disponible dans ce que je fais.

Évidemment cela n’empêche pas de mélanger certaines choses. L’évolution du monde du travail vers plus de flexibilité offre aussi ses avantages et permet à beaucoup de concilier davantage vie personnelle et professionnelle. Le tout est d’être clair sur ses objectifs et de mettre en place les bons outils pour y parvenir. »

En bref…

Pour surmonter les choses compliquées, les échecs, les déceptions, le stress…

  1. Se reconnecter avec soi-même, avec ce qu’on ressent. Refouler n’est jamais bon à terme et risque d’avoir des effets délétères psychiques ou physiques.
  2. Extérioriser, chacun à sa façon.
  3. Rebondir avec la technique de visualisation : dans quelle atmosphère je veux avancer et qu’est-ce que je mets en place pour y arriver.

Pour mener de front les projets « pro et perso » :

  1. Définir ses priorités
  2. Décider quelle énergie je veux octroyer à quoi
  3. Établir mes points/options de ressourcement
  4. Planifier et compartimenter
Hilary Kpatcha
Crédit Photo : Frédéric Maligne